Boom. C'est ton cœur qui bat. Boom. Qui tambourine dans ta poitrine. Boom. Bientôt tes poumons te brûleront. Boom. Et tes jambes faiblirons. Boom. Tu ne sais pas où tu vas. Tu ne sais pas où t'es et pire encore tu ne sais pas ce qui vas arriver, pour toi, pour les autres, pour la terre. Tu te retourne une dernière fois. Un dernier coup d'oeil par dessus ton épaule. Un dernier coup d'oeil pour voir que tout est calme, que rien ne bouge. Tu t'arrête alors, le souffle court, le corps qui brule. Les mains sur tes cuisses t'essaie de reprendre ton souffle, scrutant les horizon. La foret est calme, pas un bruit, juste celui de ta respiration. La foret est calme, pas l'ombre d'un homme, ni même d'une présence. Seul le vent fait bouger les hautes feuilles, rien à l'horizon. Et pourtant t'es morte de peur. Morte de trouille. A l'idée que plus rien ne bouge, et que plus rien ne bougera jamais. T'as peur de tout maintenant, du vent dans les feuilles, du craquement des arbres, de la course rapide d'un lapin, de la nuit, de la pluie, et surtout, oui surtout, de l'avenir. Personne n'aurais pu prédire ce qui est arrivé. Personne n'aurait pu dire que ce virus, cette maladie, cette fièvre contagieuse toucherait plus de la moitié de la population. Personne n'aurait pu prédire la fin du monde.

Tu caresses du bout des doigts la griffure rouge qui marque ton bras, la branche qui t'a arraché la peau sur ton passage. Tu grimaces un peu, frissonne légèrement sous le vent qui se lève. Tu reprends ta marche, traverse la forêt, le rideau de brume qui se lève avec le petit matin. Tu marches encore pendant plusieurs minutes, avant de retrouver la grande route, celle que des millions de voitures traversent chaque jour. Avant. Avant tout ça. Avant que tout s'effondre. Et maintenant, il n'y a plus que toi.